ETRE FRANC-MACON AU XXIème SIECLE

Publié le par ACEMS

Compte-rendu du Café-Horloge du 13 décembre 2011

 

 

Le mardi 13 décembre dernier, le Café-Horloge proposait comme thème « Etre-Franc-maçon au XXIème siècle ». Survivance d’un passé suranné ou flambeau d’une modernité porteur d’espérance, la Franc-maçonnerie est-elle plus proche de l’odeur de sainteté que de celle du souffre ? Pourquoi et comment entre franc-maçon au 21ème siècle ? Que peut-on attendre de la franc-maçonnerie, et comment la vivre aujourd’hui ? Quelles sont ses valeurs, à quoi sert-elle ? La franc-maçonnerie a-t-elle changé depuis sa création au 18ème siècle, est-elle en développement ou en régression, quel est son avenir ?

A toutes ces questions, des réponses ont été proposées après une présentation mettant en exergue les fondamentaux de la Franc-maçonnerie : un ordre initiatique et traditionnel, qui s’appuie sur la Tradition, celle qui nous a été transmise au moyen d’écrits, de monuments, d’œuvres d’art, par tous les cherchants depuis l’aube de l’humanité. Cet ordre s’est fixé un but, celui de travailler à l’amélioration de l’homme et de l’humanité, selon une méthode communautaire qui rassemble des frères sur un chantier. Il ne s’agit plus du chantier des bâtisseurs de cathédrales, dont la Franc-maçonnerie se réclame néanmoins l’héritière, mais d’un chantier symbolique qui vise à mieux se connaître soi-même et à mieux connaître les autres, où chacun est invité à se construire en construisant, à se transformer en transformant la matière première, au moyen d’outils que sont les  rites, les rituels et les symboles.

Les rites sont une manière d’exprimer l’inexprimable, de dire l’indicible, de transmettre l’intransmissible secret par nature : un ensemble de mythes et de légendes  qui racontent l’origine de la création, la place que l’homme y occupe et la manière dont on peut  pénétrer les petits mystères de la manifestation et les grands mystères de la vie et de la mort. La Franc-maçonnerie abrite ainsi différents rites qui se rattachent à un même corpus mythique.

Les rituels structurent  ces rites et régissent la manière dont les frères maçons se réunissent et travaillent ensemble. Enfin de nombreux  symboles ccomplètent les outils dont se saisissent les francs-maçons pour transformer le monde intérieur et extérieur.

Dans un monde en quête de plus d’humanité, la franc-maçonnerie séduit, si l’on en juge par l’évolution de ses effectifs. Chaque postulant est accepté au regard de son désir d’évolution, de sa volonté de travailler sur lui-même et de sa capacité à s’ouvrir aux autres, et les considérations de niveau social ou de diplômes n’entrent pas en ligne de compte.

Par ailleurs, le travail en loge n’a pas pour but de faire pression ou de modifier directement la société civile. Il s’agit là d’engagements personnels qui n’ont par leur place dans le travail en loge. De même, il est rappelé que les franc-maçons sont des cherchants et non pas des croyants. Si les travaux en loge sont placés sous la référence d’un principe créateur, qu’il s’agisse du triangle rayonnant ou du concept de Grand Architecte de l’Univers, il ne s’agit en aucun cas d’un dieu révélé ou du dieu d’une religion particulière, même s’il est demandé de prêter serment sur la Bible.

Un intervenant se demande si l’avenir de la franc-maçonnerie n’est pas dans l’intégration des femmes. Réservée à l’origine aux seuls hommes, la franc-maçonnerie s’est très rapidement ouverte aux femmes et une sœur a présenté les caractéristiques de son obédience et de son rite qui accepte la mixité.  A l’examen, les différences de travail entre loges exclusivement masculines, loges exclusivement féminines et loges mixtes semblent assez minimes, et il est important de noter que la franc-maçonnerie offre, à travers différents rites et obédiences, une grande liberté de choix au postulant.  Toutefois, un intervenant rappelle que selon lui, l’intérêt de travailler dans une loge où les sexes ne sont pas mélangés est d’obliger chacun à aller chercher en soi la polarité dont il n’est pas porteur  physiquement.

Une intervenante s’interroge sur le rôle et le poids de la hiérarchie en franc-maçonnerie. Il est rappelé cette anecdote où le maître d’œuvre sur un chantier interroge trois ouvriers et leur demande ce qu’ils font. Le premier répond « je gagne ma vie », le second : « je taille une pierre » et le troisième : « je bâtis une cathédrale ». La hiérarchie maçonnique est ainsi une hiérarchie initiatique (étymologiquement, du grec hieros, sacré) qui repose sur des changements d’état de conscience et de perspective, dont le but est de conduire l’impétrant de la compréhension des petits mystères à celle des grands mystères. Pour certains, la hiérarchie maçonnique est toute entière contenue dans la simplicité et la plénitude des trois premiers degrés : apprenti, compagnon et maître. Pour d’autres, cette hiérarchie se décline en davantage de degrés.

Mais il est aussi une autre hiérarchie, non plus initiatique mais administrative, celle-là, par laquelle les loges dépendent d’administrations centrales appelées obédiences. Des intervenants se sont demandé si certaines obédiences n’avaient pas trop dérivé vers des préférences politiques ou religieuses, voire affairistes. Le flambeau de l’initiation n’est-il pas souvent absent de ces instances, et ne brille-t-il pas essentiellement dans les loges, selon le vieux principe plusieurs fois rappelé : « Un maçon libre dans une loge libre » ?

Ces débats parfois passionnés témoignent de ce que la franc-maçonnerie est une tradition toujours vivante où la parole circule librement. La franc-maçonnerie, avant toute chose,  se présente comme le rassemblement d’une grande famille d’esprit et d’âme qui, depuis l’aube de l’humanité, parcours le chemin de l’éternel pèlerin, avec la lumière comme seul guide et comme seule récompense.

 

Yann

Publié dans Cafés-Horloge

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