Compte rendu du Café Horloge du 12 juin
Compte rendu
du
Mardi 12 juin à 20h00
Au restaurant le 47 AVENUE
La spiritualité non-dualiste de l’Inde ancienne
Une clé pour les démarches initiatiques d’aujourd’hui.
Par Yann Le Boucher,
docteur en Etudes Indiennes
Rencontre de l’ACEMS du 12 juin
Plan de l’intervention
1) La notion de non-dualité dans les Upanishads
2) La voie de la non-dualité au quotidien
1) La notion de non-dualité dans les Upanishads :
Repères culturels via une analogie entre Orient Occident
Occident | Orient |
Bible | Véda |
Ancien testament Les Prophètes bibliques | Hymnes et textes rituels Les Rishis védiques |
Nouveau testament | Védânta -La fin (anta) du véda- |
Evangiles = enseignement du maître Jésus | Upanishads = enseignement de plusieurs maîtres remarquables connus ou inconnus |
Le message central des Upanishads repose sur deux concepts clé :
• âtman (soi-même)
• brahman (le Tout)
La non-dualité dans son principe
• Constat initial du rapport apparent d'inclusion entre Moi (âtman) et le Monde (brahman)
• Constat initial de la différenciation apparente entre Esprit et Matière
L'affirmation centrale des Upanishads : « âtman = brahman »
• En tant que conscience, je ne suis pas inclus dans l’univers, mais coextensif à celui-ci.
• La nature ultime de l’univers n’est pas duelle (esprit-matière) mais non-duelle.
Analogie de la vague et de l’océan :
En considérant que l’océan est le symbole du brahman et la vague le symbole de l’âtman, on peut comprendre qu’une vague a une double nature : finie et éphémère en tant que forme, infinie et éternelle en tant qu’eau. De même, la conscience humaine est limitée en tant que conscience individualisée et illimitée en tant que principe universel, commun à tous les êtres vivants.
L’exemple de l’état de rêve :
En considérant l’expérience du rêve nocturne du point de vue du rêveur, il apparaît que pour celui-ci le rêve n’est pas un rêve mais la réalité à laquelle il croit « dur comme fer ». Dans son rêve, le rêveur expérimente la dualité entre ce qu’il croit être matériel (son environnement de rêve) et ce qu’il croit être immatériel (son esprit et celui des autres personnages de son rêve). Et pourtant, quand il se réveille, il réalise que cette dualité qu’il expérimentait dans son rêve était une illusion, tout le rêve étant en réalité produit par un principe unique, celui de son propre esprit. Cet exemple permet d’entrevoir que dans notre expérience actuelle de l’état de veille, nous sommes probablement victimes d’une illusion analogue qui nous fait croire que la dualité expérimentée par chacun est le fin mot de l’histoire alors qu’elle est produite par un principe unique « caché », qu’il nous incombe de découvrir.
2) La voie de la non-dualité au quotidien
ou l’art de l’adhésion au courant de la Vie...
Pour s’approcher concrètement de cette réalisation, nous devons nous interroger sur ce qui fait que nous sommes parfois en adéquation (= en non dualité) avec le cours des choses et parfois en inadéquation (= en dualité) avec la Vie.
D’où proviennent notre bonheur et notre malheur?
Le petit schéma suivant donne un élément de réponse capital.
La ligne bleue représente le cours de l’existence et la ligne rouge, le cours de nos attentes par rapport à l’existence.
Tant que le cours de l’existence est conforme à nos attentes nous sommes satisfaits et heureux. Dès que le cours de l’existence se décale par rapport à nos attentes apparaît la souffrance ; et plus le décalage est grand et plus nous sommes « malheureux » !
Notre capacité au bonheur est donc directement liée à notre aptitude à épouser le cours de l’existence, à nous y adapter joyeusement, à ne jamais vouloir autre chose que ce qui a été ou que ce qui est dans l’instant.
Remise en cause de notre propension à refuser le cours de la Réalité
• Notre capacité mentale à REFUSER la réalité fonde notre humanité (c’est parce que nous avons un cerveau suffisamment évolué que nous pouvons nous abstraire de l’immédiateté et imaginer d’autres possibles, =>langage, culture, science…).
• Mais nous abusons fréquemment de cette capacité en en faisant un mauvais usage car nous l’appliquons autant au futur (où elle a un pouvoir) qu’au présent ou au passé (où elle n’a aucun pouvoir) .
• Il faut donc distinguer le refus utile (celui qui porte sur la partie du futur sur lequel nous avons prise) et le refus inutile (celui qui porte sur la partie du réel sur laquelle nous n’avons pas prise, soit la totalité du passé et du présent + la partie du futur qui ne dépend pas de nous).
Cesser de refuser ce sur quoi nous n’avons pas prise est l’essence de la pratique de la non dualité au quotidien.
Conclusion :
La non-dualité telle qu’elle est exposée par la pensée indienne traditionnelle est un principe universel, utilisable dans toute démarche initiatique.
Elle favorise en effet :
• L’acceptation de la différence et du changement
• Le développement de l’équanimité
• L’établissement d’un sentiment d’unité avec tout ce qui existe et fonde, entre autres, la possibilité d’une vraie fraternité universelle.
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Pour aller plus loin :
· Sept Upanishads, présentées et traduites par Jean Varenne Edition du Seuil (poche)
· Le Védânta et l’inconscient, d’Arnaud Desjardins, édition La Table Ronde
· Stage « Yoga et Travail sur soi » au centre de La Bertais (près de Rennes) avec Yann et Anne-Marie Le Boucher, du 30 juillet au 4 août 2012.
Renseignements complémentaires sur le site :
http://www.labertais .org